Après plusieurs mois d’impasse politique, les ministres du nouveau gouvernement espagnol ont prêté serment jeudi 3 novembre 2016, dans la soirée. Ce nouveau cabinet dirigé par Mariano Rajoy ne dispose pas de majorité parlementaire au Congrès. Nombreux sont ceux qui doutent de la capacité de Rajoy à mener le navire espagnol sur des eaux troubles. « Nous avons opté pour la continuité d’une équipe économique (…) fondamentale pour sortir de la situation économique que vivait l’Espagne il y a cinq ans », a expliqué le chef du groupe parlementaire du Parti populaire (PP, droite) Rafael Hernando. L’économiste Luis de Guindos, 56 ans, porte-drapeau de la politique d’austérité menée par M. Rajoy depuis son arrivée au pouvoir en pleine crise, fin 2011, conserve le portefeuille de l’Economie.
Cristobal Montoro, docteur en Economie et universitaire de 66 ans jugé proche du chef du gouvernement, conserve également le portefeuille stratégique du Budget. Interlocuteur privilégié de Bruxelles depuis 2011, Luis de Guindos s’était montré soucieux de rassurer les marchés pendant les dix derniers mois de blocage politique. Dans le pays en sortie de crise économique, il parie sur une poursuite de la croissance de 2,9% en 2016 contre 3,2% en 2015. Mais le ministre a récemment reconnu que, pour réduire le déficit, le gouvernement devra faire de nouvelles coupes budgétaires, chiffrées par Bruxelles à environ 5,5 milliards d’euros.
Rajoy avait prévenu samedi la chambre des députés qui s' »apprêtait à lui voter la confiance qu’il resterait fidèle à son programme et ne détricoterait pas ses réformes, même s’il gouverne en minorité. « Il garde des ministres qui ont eu la pire attitude en termes de dialogue », a déploré un porte-parole du Parti socialiste, Mario Jimenez. « Cela augure des pires résultats ». La formation de gauche radicale Podemos a également dénoncé un gouvernement « antisocial ». « Cela augure des pires résultats », a ajouté le porte-parole socialiste qui a également dénoncé le nombre insuffisant de femmes au gouvernement.