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Les étudiants marocains, précieux vivier de main d’œuvre en France

En France plus qu’ailleurs, les étudiants marocains finissent par intégrer le marché du travail. Une transition du statut étudiant vers celui de travailleur immigré qui concerne 25.000 personnes, sur les quelque 80.000 étudiants étrangers accueillis chaque année, originaires principalement du Maroc.

 

En France plus qu’ailleurs, les étudiants étrangers dont les Marocains finissent par intégrer le marché du travail, avec une réussite insolente, selon une étude de l’OCDE publiée lundi. Une situation qui interroge sur la possible « dépendance » de l’économie française à cette filière.

« La France est la numéro une en matière de transition d’un titre de séjour étudiant vers un titre de séjour de travail. 52% des titres de travail délivrés l’ont été à des personnes qui étaient précédemment étudiantes. Donc c’est une filière hyper importante pour alimenter l’immigration de travail, notamment qualifiée », résume pour l’AFP Jean-Christophe Dumont, chef de la division Migrations de l’organisation économique.

Une transition du statut étudiant vers celui de travailleur immigré qui concerne 25.000 personnes, sur les quelque 80.000 étudiants étrangers accueillis chaque année, originaires principalement du Maroc, de Chine et d’Algérie. En proportion, les 52% de titres délivrés à des ex-étudiants sont bien plus élevés qu’en Italie (46%) et au Japon (37%), pourtant deuxième et troisième pays de l’OCDE dans ce domaine.

Cela ne signifie pas, pour autant, que les étudiants marocains s’installent systématiquement en France à l’issue de leurs études. Cinq ans après leur admission dans le supérieur, environ 40% d’entre eux étaient toujours sur le territoire, contre 60% chez le voisin allemand, l’autre destination européenne la plus prisée des étudiants internationaux.

« Main d’œuvre pré-intégrée »

Ceux qui restent, en revanche, s’intègrent mieux au marché du travail, relève l’OCDE.

A l’issue de leurs études, le taux d’emploi de ces ex-étudiants culminait à 75,4% en France, plus haut que celui des immigrés arrivés sur le territoire pour un motif de travail (73%) et bien plus important que celui des Français (67,2%), selon l’étude. A titre de comparaison, en Allemagne, leur taux d’emploi (77,5%) était inférieur à la même période à celui des immigrés de travail (81%) et à celui des Allemands (77,8%).

En raison de leur « expérience locale », ces étudiants sont considérés comme « une source de main d’œuvre pré-intégrée », dont le niveau de surqualification n’est pas supérieur au reste des travailleurs immigrés, écrivent Elisabeth Kamm et Thomas Liebig, coauteurs de l’étude, parue dans le rapport annuel de l’OCDE sur les migrations internationales. Autrement dit, ces anciens étudiants ont tendance à occuper des emplois plutôt en adéquation avec leur niveau de qualification.

Reste à comprendre pourquoi cette intégration spécifique fonctionne si bien en France.

« On peut se dire que c’est parce qu’il est plus difficile d’avoir un titre de travail en France », avance Jean-Christophe Dumont, qui ne parle toutefois pas de dévoiement de cette filière.

« Fuite des cerveaux »

Le responsable des migrations à l’OCDE met également en avant les « facilitations » offertes par les autorités françaises aux étudiants, exemptés au niveau du master des rigidités du « test du marché du travail », censé vérifier l’adéquation entre les qualifications et l’emploi recherché.

« La différence avec les autres immigrés, c’est que là c’est l’université qui sélectionne, pas l’État, pas l’employeur », poursuit-il. « Les critères ne sont pas les mêmes. Mais les besoins des universités et du marché du travail ne sont pas les mêmes non plus. Est-ce que laisser les universités sélectionner des étudiants qui vont répondre aux besoins de l’économie, cela peut fonctionner ? C’est une question. En tout cas, ça marche en France. »

Ces nouveaux travailleurs soulèvent aussi des « inquiétudes concernant la fuite des cerveaux » des pays pauvres vers les pays riches, reprennent les auteurs de l’étude, estimant que « la migration des étudiants internationaux n’est pas une solution à la pénurie de main d’œuvre peu ou pas qualifiée ».

Les auteurs appellent notamment à trouver un « équilibre » dans les voies d’immigration, « pour éviter que des pays deviennent excessivement dépendants de cette filière ».

(Avec AFP)

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