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Bus du futur ou Madoff chinois?

Il y a près d’un an, un prototype de bus du futur surélevé qui circule au-dessus des voitures a été diffusé sur Internet, provoquant un grand buzz sur le web. Aujourd’hui, une entreprise chinoise, à l’origine de ce projet, dit avoir réaliser ce pari fou : un bus qui enjambe les voitures minimisant les embouteillages. Nommé Transit Elevated Bus (TEB), ce prototype de bus, réalisé par une entreprise chinoise, permet donc fluidifier le trafic et peut transporter jusqu’à 300 passagers. Durant le test, effectué dans la ville de Qinhuangdao, le bus s’est déplacé lentement sur 300 mètres avant de s’arrêter pour faire monter des gens à bord. En mai dernier, les promoteurs du projet ont partagé une vidéo d’un prototype de bus, affirmant qu’il pourrait transporter 1 200 personnes, et passer au-dessus de véhicules ne dépassant pas deux mètres de hauteur. Selon l’agence de presse Xinhua, le Brésil, la France, l’Inde et l’Indonésie seraient intéressés.

Toutefois, des journalistes chinois se sont montrés suspicieux, avant que ne paraissent jeudi et vendredi une salve d’articles démontant le projet, et ce jusque dans la presse étatique. Outre les inquiétudes sur la sécurité, le Global Times, quotidien proche du Parti communiste, doute ostensiblement de sa faisabilité. La longueur du véhicule (22 mètres) transformera le moindre carrefour en défi, tandis que sa hauteur (près de cinq mètres) lui interdit de passer sous les ponts pour piétons qui parsèment les avenues chinoises, ni sous les innombrables tunnels urbains. «L’idée d’un bus enjambant la route avait été jugée totalement impraticable il y a six ans par un panel d’experts», relève Yin Zhi, spécialiste de planification urbaine, cité par le journal. Le groupe TEB Tech est contrôlé à 90% par Bai Danqing, le fondateur de la firme de crédit en ligne Huaying Kailai, selon des documents publics. Or, cette dernière avait été placée sous « stricte surveillance » l’an dernier par une commission spéciale du gouvernement, selon le magazine financier Caixin.

Le secteur chinois des prêts entre particuliers (peer-to-peer) a récemment été ébranlé par une série de scandales et escroqueries à vaste échelle. Le plus retentissant a vu s’effondrer une des principales sociétés de prêts en ligne, Ezubao : elle est accusée d’avoir floué quelque 900 000 investisseurs et détourné 7,6 milliards de dollars via une fraude pyramidale. Or, certains médias chinois n’hésitaient plus cette semaine à hasarder un rapprochement entre Huaying Kailai et le sulfureux Ezubao, c’est-à-dire le spectre d’un nouveau « Madoff chinois ». Selon le quotidien pékinois Xinjingbao, Huaying Kailai a assuré que le projet de bus de TEB n’utilisait pas un centime de l’argent de ses clients. Une version cependant mise à mal par le quotidien, dont un journaliste ayant approché la firme sous couvert d’anonymat s’est vu proposer d’investir dans le véhicule révolutionnaire en contrepartie d’un rendement de 12% par an. TEB Tech n’a pas répondu aux demandes répétées de l’AFP pour voir le prototype.

 

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