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Brahim Lyousfi, une méditation quasi-spirituelle

L’univers de l’artiste-peintre et calligraphe Brahim Lyousfi, qui vit et travaille à Settat, on le pressent, s’éloigne du réel angoissant, fait d’insécurité, de violence, de fanatismes, pour proposer une approche vivifiante et pacifiée, une invitation baudelairienne au voyage. Là où n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté. Face au monde tel qu’il se présente, la démarche se révèle donc d’autant plus sincère qu’elle tend vers l’apaisement, la rêverie, la culture, notions qui échappent aux sociétés précipitées au bord du gouffre par des conflits qui les dépassent. Ici, il s’agit avant tout de ce souci majeur de sauvegarder le patrimoine immatériel.

Brahim LyousfiComme les Nymphéas de Monet, la peinture du plasticien marocain Brahim Lyousfi nécessite de prendre du recul: près du tableau, les jeux de matières, les larges aplats parsemés de touches et de points, à la limite de la projection. Ses choix se font par impulsions: dès lors qu’une représentation lui plait assez pour l’inspirer, il reste au plus près de ses formes, qu’il veut souples, variées et irrégulières, les plaquant sur les contours de son modèle. Mais quand viennent les couleurs, sa liberté se débride. Ici, aucune règle et surtout pas de fonction descriptive ou narrative. Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre eux, selon les surfaces qu’ils animent, de manière totalement subjective. Ici, les couleurs s’expriment pleinement dans toutes leurs nuances voisines avec l’ardeur ensoleillée des paysages et les splendeurs de la culture et du patrimoine marocains.
En témoignent ses œuvres inspirées par la culture mauresque en hommage de manière remarquable à l’activité et au rayonnement du sud de l’Espagne durant 800 ans de domination musulmane, depuis l’invasion de la péninsule ibérique en 711 jusqu’à la Renaissance. Ses œuvres se prononcent comme un clin d’œil au mode de vie ainsi qu’aux réalisations architecturales, poétiques, philosophiques, religieuses et musicales qui se sont développé es en Andalousie, région alors au centre de l’empire arabe d’Afrique du Nord sur le continent Européen.

Brahim LyousfiOr compte tenu de l’importance qu’il revêt dans le paysage identitaire et culturel du Maroc, souvent confronté à l’usure du temps, Brahim Lyousfi se voit plus que jamais appelé à assumer une responsabilité qui dépasse largement le cadre de l’art : l’image de l’identité nationale. Il est question, pour lui, donc de participer activement à la fois à la cohésion sociale et à la dynamique culturelle du pays à travers l’art. Cela se traduit par la philosophie de cette culture et sa pluralité, mais aussi par les valeurs de respect, de modernité et d’art du partage que ses tableaux véhiculent. Exemple: ses œuvres dédiées au zellige marocain, sous ses formes contemporaine, traditionnelle ou encore classique. Sans oublier qu’une partie de ses tableaux est consacrée à la Tbourida, ou Fantasia, inscrite par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine immatériel de l’humanité, et qui est une composante majeure du patrimoine ancestral marocain.
S’appuyant sur l’acrylique, peinture à l’huile, crayon, papier, entre autres, la réflexion technique de Brahim se métamorphose ainsi en méditation quasi-spirituelle. Qu’on le veuille ou non, bien qu’il soit toujours dans la recherche et l’expérimentation, il reste fidèle à son vocabulaire formel et chromatique. Ici encore, la composition s’impose d’elle-même en une sorte de lumineux éclat visionnaire, à partir de quelques éléments entrevus que l’ensemble se construit au rythme de l’élan créateur.

Et comme tout artiste-peintre figuratif impressionniste digne de ce nom, Brahim Lyousfi favorise davantage les matières picturales. C’est l’essence même de l’œuvre de cet artiste qui s’attache à rendre l’étrangeté du quotidien à travers les natures mortes qui se traduisent par le trait, la touche et la couleur, mais aussi et surtout par son esprit.

La splendeur et l’élégance de ses œuvres sont le fruit d’un travail particulièrement humain. Sa sensibilité aiguë à l’atmosphère, la sûreté de la composition, le contrôle exceptionnel de la palette caractérisée par une tonalité sourde, contrebalancée par les couleurs, est tout simplement magnifique.
Bref, il faut dire que Brahim Lyousfi est un artiste encore jeune, au sommet de ses considérables possibilités. Son travail présente une hyper sensibilité à la couleur, à la texture, à la lumière, à la forme, à la densité et même aux vibrations spirituelles du sujet choisi.

Ayoub Akil

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