L’Espace Rivage de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) accueille actuellement l’exposition « Poésie et peinture» de l’artiste peintre et poétesse marocaine Loubaba Laalej. Cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le 14 novembre 2024 en présence d’hommes de lettres et de passionnés d’art tous azimuts, se veut l’occasion de découvrir les œuvres récentes de cette plasticienne et écrivaine chevronnée, qui marie bien poésie et peinture pour nous offrir un univers à mi-chemin entre les deux.
Jusqu’au 24 décembre 2024, les amateurs de l’art contemporain et de la poésie auront droit à un voyage décoiffant à un monde où poésie et peinture se prononcent comme une vision du monde à réinventer. Dans la peinture de la plasticienne Loubaba Laalej, le geste est chant, la couleur est rythme et les nuances des fragments de mémoire, de récit et de poème en pleine genèse. Elle a choisi dans ses travaux récents d’exprimer sa perception du monde avec beaucoup de rhétorique et de métonymie. Cette frénésie se manifeste de façon palpable dans l’ensemble de ses travaux qui sont aussi et surtout le fruit de plusieurs décennies de recherches picturales focalisées notamment sur la lumière, les formes, les couleurs et le trait.
«Sa peinture symbolique révèle le langage figuré des poètes. Sa poésie se veut la nature contemplative de la peinture : cela détermine « en propre » sa spécificité, mais aussi son rapport à la « vérité ». Car paradoxalement, c’est bien parce qu’elle est muette que la peinture est capable d’en dire plus que de longs discours. Et c’est parce qu’elle est peinture, quoique « parlante », que la poésie est aussi capable de se taire. Il s’agit d’une véritable consubstantiation qui célèbre l’union de l’âme et du corps : le corps se spiritualise et l’âme est sublimée. La peinture suggestive de Loubaba a besoin de la poésie pour mieux idéaliser et sublimer», indique le critique d’art Dr Abdallah Cheikh.
Cette manifestation artistique a été marquée par une lecture poétique accompagnée de luth, et suivie d’une séance de signature du livre «Poésie et Peinture». Dans ce livre de 198 pages magnifiquement illustré, Loubaba Laalej parcourt avec une grande richesse et une profondeur étonnante la dimension créative de l’âme humaine. Elle invite les lecteurs à un voyage intemporel à travers des émotions et des pensées. «Les toiles contenues dans le livre reflètent l’esprit et l’âme des artistes qui ont marqué de leur empreinte mon propre parcours artistique, au-delà des sentiers battus. Cette exposition comprend 39 œuvres avec en toile de fond des histoires humaines profondes et significatives, au sein d’une expérience artistique qui promeut la convergence entre la peinture et la poésie», explique Loubaba Laalej à cette occasion.
Dans ses œuvres authentiques qu’elle présente lors de cette exposition, les enjeux de la peinture sont tout aussi débattus. Des œuvres qui reflètent ses sources d’inspirations qui disent avec clarté toute leur dimension symbolique. Somme toute, elles incitent à la réflexion.
«À son Banquet (au sens platonicien), l’avocate du couple «poète-peintre» qui «rayonne complicité et complétude» invite des figures fondamentales et fondatrices issues d’ères historiques, d’aires civilisationnelles et de mouvements culturels multiples pour en faire les témoins de son plaidoyer pour « l’élixir » qui a abreuvé, depuis que l’être humain est doué d’humanité, « la résonnance » dans les deux sens, entre les mots du poète et les formes du peintre. Et la pléiade de convives triés sur le volet d’acquiescer à cette « double inspiration » dont ils sont eux-mêmes l’incarnation, preuves à l’appui (tableaux ayant inspiré des poèmes et vice-versa) », souligne le journaliste et écrivain Said Ahed.
Dans l’univers pictural de Loubaba Laalej, cette approche esthétique devient un rituel et un acte de représentation. C’est une approche critique de l’art contemporain, inséparable de la réalité et de son humanisme, contrairement aux représentations orientalistes qui ne voyaient pas l’humain et qui se préoccupaient surtout de leurs propres projections et de leur désir. De plus, elle les a transformées en sujets sur la toile, en réappropriant la surface de l’image.
«Au fil des textes, brodés avec un souffle de poéticité, les arguments s’enchaînent pour nuancer « le divorce » supposé, car même si chacun, peintre et poète, pose ses propres interrogations », crée dans la solitude de sa solitude, imbibé par son inspiration et recourant aux outils de son mode d’expression propre, cette distanciation, cette «différence les rapproche au centre d’une même mélodie», poursuit Said Ahed.
Ayoub Akil
Bio-express
Native de Fès, Laalej s’est installée à Paris dès 1956. Elle est diplômée en journalisme, sociologie et études internationales. Issue d’une famille d’artistes, Loubaba est passionnée par l’écriture et la peinture depuis son jeune âge. Elle compte à son actif plusieurs expositions en France, Italie, Vietnam, Espagne. En 2019, elle a obtenu un doctorat honorifique délivré par le Forum International des Beaux-arts en guise de reconnaisse de ses créations artistiques. Elle est membre du Bureau Permanent de la Ligue des Écrivaines d’Afrique et de l’Alliance des Créateurs Arabes. Parmi ses recueils de poésie figurent « Fragments », « Pensées vagabondes », « Mysticité et plasticité », « Melhoun et peinture », « Poésie et peinture », « Icônes de la plasticité au féminin ».