PORTRAIT – Manager général d’une chaîne de restaurants de haute gastronomie, «Maggiano’s Little Italy» et adjoint au Shérif du comté de Palm Beach, Khalid Ahnich, ne cesse de faire jouer ses relations pour défendre les intérêts du Maroc au pays de l’Oncle Sam. Il est partisan de l’action militante engagée, mais loin des clivages politiques.
DNES en Floride Sami Walid
D’un pas vif, Khalid Ahnich fait virevolter son veston pour franchir le portail de sécurité du pénitencier de Boca Raton, ville américaine située en Floride, où ce Marocain, à la cinquantaine glorieuse, a rendez-vous avec les responsables de l’établissement. En sa qualité d’adjoint au Shérif du comté de Palm Beach, poste honorifique qu’il occupe depuis 2006, ce gaillard au sourire ineffaçable, est venu intervenir auprès de la direction en faveur des détenus de confession musulmane pour qu’il y ait en prison un menu de repas halal. De sa voix claire, sans jamais trébucher ni sur les idées encore moins sur les mots, Khalid Ahnich sait convaincre avec une délicatesse remarquable. Ses interlocuteurs n’omettent aucune objection. Sa proposition, lui assure-t-on, sera mise en œuvre dans les jours qui viennent. Car ils le connaissent bien. Installé il y a plus d’une trentaine d’années, ce MRE a tissé des liens forts avec les différentes structures et associations. Ici, il est respecté par tout le monde. Natif de Casablanca en 1963, Khalid a vécu une enfance heureuse au pays. Après son Bac, il décide de poursuivre ses études en France à l’Université d’Amiens où il obtient une maîtrise en gestion des entreprises. L’aventure américaine débuta par un simple voyage de découverte. Aussitôt, le jeune homme tombe sous le charme du pays de l’Oncle Sam. Il y retournera pour entamer une carrière de gestionnaire. Un parcours qui le mènera au sommet. Pour réussir, cet homme dynamique dit qu’il faut avoir une dynamique générale qui dépasse les clivages politiques. Si, par le passé, il s’était engagé pour tel ou tel candidat ce n’est pas pour défendre une doctrine ou encore un courant de pensée. Car à la question de savoir s’il est de gauche ou de droite, Khalid Ahnich répond sans ambages: «Je suis tout simplement humaniste». Finalement, c’est son engagement pour les causes justes qui lui ont valu le respect et l’admiration des responsables et des élus américains.
A la sortie du bâtiment, il repart en petites foulées vers son véhicule. «Je dois déjeuner avec des compatriotes venus de Washington», nous glisse-t-il. Journée chargée pour ce Marocain qui s’est fait une place au soleil dans l’une des régions touristiques les plus convoitées de Floride. Pourtant, il semble s’en être accommodé. «C’est presque tous jours ainsi. Mon agenda est constamment chargé », nous avoue-t-il. Le secret, dit-il, c’est l’organisation : «Entre le travail, mes engagements pour la communauté et ma famille, je m’organise afin de trouver toujours le juste équilibre». Sauf que cette fois au déjeuner, c’est plutôt ambiance décontracté. Il s’agit surtout de retrouvailles entre Marocains d’Amérique. Khalid Ahnich est le premier arrivé au restaurant «Maggiano’s Little Italy». Normal, ici c’est le lui le patron. Un peu plus tard, c’est lui-même qui accueille les convives à l’entrée de cet établissement de haute gastronomie, dont il est le General Manager. Il ne gère pas uniquement ce restaurant, mais toute cette chaine spécialisée dans la gastronomie italienne. A table, ces Marocains d’Amérique échangent les nouvelles de la communauté tout en commentant l’actu. Khalid Ahnich fait office de grand frère tantôt prodiguant conseil à celui-là, tantôt usant son téléphone pour régler le souci d’un autre. Un lobbyiste ? Non. Il n’aime pas ce mot. «Quand on dit lobbyiste, on parle forcément d’argent. Or, moi, je consacre mon temps et mon énergie à agir uniquement pour le bien de ma communauté et de mon pays d’origine le Maroc», corrige-t-il. Ce soir, il voit un Congressman. Il s’agit d’une tête à tête. On n’y est pas invité. Notre hôte discutera avec ce membre de Congrès de divers sujets et en profitera pour promouvoir l’image du Maroc auprès de cet homme politique. La question du Sahara marocain occupera aussi une place importante. Khalid Ahnich est comme ça. Il a le Maroc dans la peau. Il ne peut pas s’en empêcher. «Pour moi, c’est un devoir. Ni plus, ni moins», affirme-t-il. Entre le gouverneur de l’Etat de Floride, l’ambassadeur du Maroc, la maire de Boca Raton, les congressman de l’Etat, la communauté marocaine et son boulot, il n’a pas le temps de s’ennuyer. Marié à une Marocaine, Khalid Ahnich est père d’un garçon et d’une fille. Ce self-made-man, très sollicité, trouve toujours le temps pour sa famille dans son emploi du temps surchargé : «Je suis toujours joignable pour femme, mes deux enfants. Et je ni anniversaire, ni fête d’école. Etre papa, c’est aussi un job».