Le film marocain « La route du pain », du réalisateur Hicham Elladdaqi, a remporté le prix de l’entente du meilleur documentaire lors de la 13e édition du Festival de Cinéma Africain (FCAT) qui s’est déroulé à Tanger et Tarifa, située au sud de l’Espagne, du 27 mai au 4 juin. Il s’agit de la première œuvre documentaire de Hicham Eladdaqui. Ce réalisateur est né et a grandi derrière les remparts de la médina. Enfant, son terrain de jeu a été les ruelles vives et joyeuses du quartier populaire de Bab Doukala. Tout le monde se connaissait, les enfants fréquentaient les mêmes écoles et la vie menait son cours tranquille. C’était les années 80.
Aujourd’hui, Marrakech a changé de visage, sa population aussi. Une partie des Marrakchis a bénéficié de l’essor de l’industrie touristique, l’autre en est devenue un peu la laissée pour compte. Chaque jour, au pied des remparts de Bab Doukala, des hommes de tout âge se donnent rendez-vous au Mouwqaf. Du matin au coucher du soleil, ils sont là avec leurs outils. Seuls ou en groupe, ils bavardent, sirotent du thé et tuent le temps en attendant qu’un employeur providentiel vienne à la recherche, d’un maçon, un puisatier ou autre menuisier…
Ouvriers des temps anciens, ils ont vu Marrakech se construire, changer de visage…mais sans eux. Hicham Eladdaqui a filmé avec tendresse et humanité leur attente, leur espoir de ramener à la maison une poignée de dirhams et les défis banals du quotidien : nourrir la famille, acheter les livres scolaires ou le mouton de l’Aïd.